Le chômage des jeunes et des moins jeunes est au centre de toutes les préoccupations, pour les citoyens confrontés à cet état de fait. Les politiques, en cette période électorale, ont fait aussi du sujet un véritable char d’assaut pour convaincre le plus grand nombre d’électeurs de l’importance et de l’implication de ceux-ci à diminuer le nombre de personnes sans emploi ou pour trouver des solutions efficaces, avec plus ou moins de succès ou de mesures acceptables pour tous. Les dangers et les dégâts du chômage sont bien plus graves et douloureux humainement que l’on ne peut l’imaginer.
Serge (nom d’emprunt), Carolo de 37 ans n’en peut plus de cette situation. Il signale avoir même dû travailler au noir plusieurs mois, avec les risques encourus et en tout état de cause pour pouvoir survivre et avoir pris parfois des risques inconsidérés, au péril même de sa sécurité ou de sa santé sur des chantiers. Sans emploi, depuis 6 ans et demi et malgré une recherche quotidienne intensive, d’après lui, n’arrive pas à retrouver un travail. Diplômé du secondaire inférieur dans la vente, n’ayant pas d’autres diplômes, pas de bagage au niveau des langues, il se dit épuisé moralement et physiquement et nous confie une situation bien troublante, mais surtout très bouleversante.
La situation de Serge est vécue par un nombre important de citoyens au chômage. Certains ayant perdu leur emploi précipitamment à la suite d’une restructuration agressive ou un parcours professionnel difficile. Nous rencontrons un jeune homme brisé, presque gêné de nous avoir contactés et pourtant déterminé à nous confier son histoire. Du chômage, Serge a bien failli en mourir il y a peu de temps. Il nous confie les larmes aux yeux, encore sous l'émotion, avoir préparé minutieusement son « grand départ » comme il dit. En plus de l’insécurité financière, de très nombreuses dettes engendrées, des prêts financiers auprès de connaissances dans le but de se reloger après s’être vu expulsé de l’habitation qu’il ne payait plus depuis plusieurs mois, assumer des soins, payer la pension alimentaire de sa fille, il a dû faire face à une descente aux enfers très rapidement, s’est vu peu à peu exclu d’une vie sociale avec les charges et les regards lourds de son entourage.
« Je ne voyais plus aucune issue à ma situation et de nombreuses dettes accumulées depuis plusieurs mois ne me laissaient que peu de choix. Je n’ai jamais demandé d’aide, le CPAS : ce n’était pas pour moi une solution. J’ai tout organisé, préparé mon grand départ minutieusement. Je ne banalise pas l’acte en lui même, je sais que cela est grave et une terrible décision à prendre, je n’avais plus aucune porte de secours. En tout cas, je le pensais. Je recherche du travail quotidiennement, mais ce n’est pas facile du tout, je ne reste pas à rien faire, que du contraire, je veux m’en sortir, cela ne suffît pas. Isolé socialement, je me suis persuadé que je ne servais plus à rien du tout et que j’étais une charge inutile pour tout le monde.
Je suis d'une génération qui n'a pas eu les outils pour se débrouiller face à ce genre de situation. J’ai aussi reçu un courrier du syndicat m’annonçant faire partie du lot de ceux qui vont être liquidés du chômage en 2015 ».
Il y a trois mois, la chance sourit enfin à ce Carolo, qui a pu décrocher un entretien d’embauche dans une entreprise de la région à Gosselies, cependant, il sera surpris de la conclusion de l’employée des ressources humaines. « La responsable après avoir lu mon CV m’a clairement annoncé droit dans les yeux, que j’avais pris la poussière, que plus de six ans sans travailler, c’était un peu comme si je n’avais jamais travaillé du tout. Elle voulait des gens frais, pouvant être efficace tout de suite, ne m’a pas laissé le temps ou l’occasion de lui prouver mes compétences. Comme si ma période d’inactivité avait fait de moi quelqu’un de débile. Pourquoi m’avait-elle convié au rendez-vous pour me dire cela ? », Serge sous le choc cherche encore à ce jour des explications. C’est cette rencontre qui sera le déclencheur de son désir de mourir, de ne plus pouvoir réellement remonter la tête hors de l’eau, pour lui, c’en était trop !